En proie au silence [ Libre ]

[ Bon niveau de rp demandé^^ ]

Le vent. Le ciel. Les nuages se laissent lentement trimballer par la brise le long de la surface azurée de l'immense étendue aérienne. Leurs nids de coton immaculé se reflètent dans l'océan d'émeraude éperdu de deux yeux levés vers eux. Comme dans la lunette d'une loupe, ils avancent avec lenteur d'un bout à l'autre de l'iris plongé dans leur contemplation. Les minutes passent, les heures peut-être. Le rêve s'achève. La marée monte. Une paupière tombe lourdement, silencieusement, cloîtrant leur éclat dans le gouffre sans fond de la mémoire. Une grand vague pure et transparente suit son mouvement pour s'abandonner sur une plage sans sable blanche comme la neige. Une fois sur place, elle s'enroule jusqu'à ne devenir qu'une perle de cristal au goût salé qui roule, roule, avant de s'écraser sur une étendue indéfinie de roche grise. Plate et lisse à perte de vue. Le bout d'un doigt vient doucement l'effleurer alors qu'elle se glisse dans la pierre. Un spectre long et filiforme, d'une intensité noire et ténébreuse, surgit de nul part et s'agite fébrilement dans les airs avant de pénétrer entre deux lèvres entrouvertes, gercées et violacées par le froid. Une brume blanchâtre en émerge et s'élève dans un mouvement saccadé avant de se dissiper dans les airs. Il fait froid. Trop froid.

Nutsima se frotta l'oeil. Le vent lui faisait couler des larmes. Le froid lui mordait la peau, faisait courir des frissons glacés le long de ses membres. Sa longue chevelure de jais batiffolait autour d'elle, invitée par les raffales de vent à une danse fiévreuse et endiablée. Le amas informe de ses mèches sombres et emmêlées lui fouettait violemment le visage, s'agitait fébrilement autour de ses épaules, offrant un curieux contraste avec l'immobilité de son corps. Excepté les incontrôlables tremblements qui la prenaient de temps à autre, par grands spasmes dévastateurs. Le froid la plongeait dans un mutisme et une paralysie étouffants. Les muscles ankylosés de son visage ne lui permettaient que d'ouvrir et fermer la bouche afin de pouvoir admirer la buée s'étendre gracieusement devant elle, ainsi que cligner des yeux. Y avait-il autre-chose ? Peut-être la force de faire glisser sa main sur la surface rocheuse pour la passer distraitement sur la goutte salée absorbée par cette dernière. Après ? Elle n'eut pas le courage de vérifier si elle était capable, par exemple, de décroiser les jambes. Une telle fatigue, si assomante, si désespérée, était mauvais pour la survie ; mais voilà une semaine qu'elle n'avait pas fermé l'oeil. De grandes cernes se creusaient au-dessus de ses pomettes, traversées de filaments violacés. Son teint pâle et enfantin trahissaient une grande et profonde lassitude. Elle n'y pouvait rien. Le pire était qu'elle ne perdait rien de la finesse de ses traits et de la malice de ses pomettes saillantes. A la première rencontre douteuse, il lui faudrait s'enfuir en courant. Elle n'avait même plus la force de résister à quoi que ce soit, et encore moins de se battre..

Assise en tailleur sur une pierre tombale, Nutsima observait les alentours. Le froid la consummait. Elle n'allait plus tenir longtemps. Si elle ne trouvait pas le courage de retourner au commissariat récupérer son sac et y chercher un sweet afin de couvrir ses bras nus hérissés de chair de poule, elle allait mourir pendant la nuit. Or, on ne s'enfuit pas d'une garde-à-vue pour y revenir une semaine plus tard. Voilà spet ou huit jours que l'adolescente errait, tentant désespérément d'échapper à la gendarmerie d'une ville dont elle avait oublié le nom. Elle ne savait pas où elle était arrivée, mais elle devinait ce bled bien loin de son point de départ. Elle soupira. Et voilà, elle avait tout perdu. Il ne lui restait que son pot de vernis à ongles rouge foncé blotti au fond de la poche de son jean. En tout cas, il était hors de question qu'elle fasse demi-tour. Non, jamais. Plutôt mourir que de revenir aux griffes de l'ennemi. A présent, elle devrait se débrouiller sans sweet et sans l'éventail de babioles qu'elle portait dans son cher sac à main en crocodile noir volé sur le banc public d'un centre commercial.. C'en était fini d'elle. La mort approchait à pas lents, portée par la brise glaciale de cette fin de journée. Alors seulement elle se demanda pourquoi elle était partie. Pourquoi, depuis le début, pourquoi elle avait autant sous-estimé la vraie vie, celle de dehors.. Un visage lui revint en tête. Un seul. Madoka. Non, il fallait qu'elle vive. Au moins pour elle. Au moins pour la soeur. La jeune fille poussa un soupir et, dans un effort considérable, fit une tentative pour se lever. Au loin derrière elle, des pas retentirent. Nutsima se figea.

Le silence se faisait, rythmé par les pas qui se rapprochaient d'elle. Tout près. Ils arrivaient. Il était juste derrière, à deux mètres, un mètre.. Ce n'était plus la peine d'essayer de s'enfuir. La jeune fille voulut faire volte-face. Une veste se posa sur ses épaules et fit courir un délicieux frisson le long de son échine.

- Tu ne devrais pas rester ici dans cette tenue. Tu risque d'attrapé la creve.
- Merci..

Nutsima tourna la tête. L'homme était assez jeune, la vingtaine peut-être. Son visage lui disait quelque chose. Tandis qu'il enfonçait une sucette à la couleur jaunâtre dans sa bouche, elle tenta désespérément de rassembler les bribes de sa mémoire frigorifiée. Elle était sûre de l'avoir vu quelque part.. Mais comment s'en souvenir ? Même son cerveau était dévasté par le froid et la fatigue. Si il pouvait reparler, juste un mot, un son, qu'elle puisse analyser sa voix..

- Tu en veux une?

Merci mon Dieu. Une ouverture. Elle y était presque.. Oui, ça y'est..

* Oh putain ! *

Si elle était atterrée, l'adolescente n'en laissa rien paraître. Son estomac bouillonnait - pas à cause de la faim, cette fois, mais de l'angoisse. C'était un flic, ce type ! Elle l'avait aperçue lors d'un déplacement dans le couloir - menottes aux poignets et bonne femme au cul, d'ailleurs, ce qui n'était pas un souvenir fort agréable - et pouvait à présent très bien se remémorer son visage. L'avait-il reconnue ?

La jeune fille détourna du regard et, en un instant, son visage se ferma. Cloîtré. Infranchissable. Voire insolent. Rien ne devait être dévoilé à cet homme-là, pas même une bribe d'infime expression autre que la moue boudeuse et exaspérante de l'adolescente purement jem'enfoutiste. Ainsi que la fine lueur jet'emmerdiste qu'elle prenait un plaisir et une facilité indéniables à faire passer dans ses yeux rapetissés par la fatigue. C'était triste mais c'était comme ça : qui disait flic disait ennemi. Nutsima n'aimait pas avoir des ennemis. Elle n'aimait pas être obligée de fuir, de redouter, de se cacher derrière un barrage cinglant, même de haïr. Elle en était incapable, il fallait dire. Mais elle le feignait tellement bien. Et puis, avait-elle le choix ? C'était de sa faute de toutes façons. Personne autre qu'elle n'avait décidé de la plonger dans cet univers si hargneux et ombrageux dans lequel méfiance permanente rimait avec espoir de survie. Elle avait eu le temps de comprendre la leçon, toute seule, sans que l'on ne le lui apprenne. Et à quel prix !.. Elle en frémissait encore.

- Non merci, lâcha-t-elle finalement d'un ton sans âme.

Elle observait le jeune homme du coin de l'oeil, surveillant le moindre de ses gestes. S'il s'agissait d'un coup monté afin de la rappatrier au commissariat, ils allaient l'entendre..

Un petit silence s'ensuivit donc. Nutsima observait les hautes toitures percer l'azur du ciel strié de stratus paisibles et immobiles. Dans sa tête, elle résumait la situation. Donc elle était assise sur une pierre tombale, une veste qui ne lui appartenait pas sur les épaules - en même temps, est-ce que ce qu'elle avait sur elle lui appartenait entièrement ? -, assise à côté d'un flic qui ne semblait pas éprouver la moindre malveillance envers elle. Pourtant, elle continuait de se méfier. Sa naïveté l'avait trop de fois durement punie, et elle avait - après de quand même bien nombreux coups fourrés mal terminés - retenu la leçon et n'avait pas l'intention de lui faire entorse. Du moins pas pour l'instant. Elle se contenta d'observer le type assit à côté d'elle. Tiens, il souriait..

- Si je suis ici, c'est pour apporter des fleurs a ma tante décédé. Je ne suis pas venu pour te faire quoi que se soit. Alors ne me jette pas des regard comme sa. Tu ferais peur a n'importe qui ainsi. Et puis, c'est pas comme sa que tu va te trouver un petit ami a jeter des regard pareil!

Nutsima aurait ri si elle n'était pas aussi assomée par la situation fort incommodante de son état actuel - faim, froid, fatigue, je ne vais pas répéter encore une fois toute la liste -, et surtout si elle n'était pas en présence d'un poulet. C'était triste, comme principe, mais c'était comme ça. L'adolescente se contenta de hausser les épaules sans daigner lui lancer un regard. L'affaire du petit ami, de toutes façons, elle avait abandonné depuis un bout de temps. Oh oui, elle avait eu, un bon nombre même, mais c'était peu dire si elle était vraiment la leur.. Car avec rectification, ça donnait : une des leur. Tous pareils. Tss. Elle déclinait à présent les premières avances, même les plus tentantes ou vertigineuses. C'était difficile, oui, mais elle y parvenait. Et en tirait fort profit..

- Tu es vraiment sur que tu n'en veux pas? reprit le flic. Je n'ai pas craché dessus tu sais!... Mais, que fais tu ici? Tu devrais rentrais chez toi... Tu vas etre malade...

La jeune fille eut un pincement au coeur. Chez elle ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu de chez elle ? Comment savoir si ce fameux chez elle était loin ou près d'ici ? Comment savoir si elle le regrettait vraiment ou si les noeuds qui s'enroulaient dans ses boyaux venaient d'autre part ? L'adolescente se renfrogna encore plus, tassant le menton sur ses genoux, la tête rentrée dans les épaules, ses mèches noires emmêlées à moitié devant son visage.

- J'ai pas de chez moi.

Ce fut sa seule réponse. Elle ne savait que faire ni ajouter. S'enfuir aurait peut-être été une solution, mais elle préférait rester sur ses gardes.

Ikari regardait toujours devant lui. Cette jeune fille l'intriguait un peu. Que faisait elle ici seule? C'est pas normal. En général, Michou le pervers traine par ici, il fallait faire attention au cimetierre. Ce sale homme avait déja enlevé des gens et a chaque fois, il était disculpé. Enfin, Ikari l'avait envoyé en enfer l'année derniere. Il c'était un peu calmer apres sa. Mais on ne sait jamais. Un pervers pédophile reste un pervers pédophile toute sa vie...
Ikari avait l'impression de parler a une personne sans ame, sans expression. Elle ne semblait ni joyeuse ni rien. Elle était presque livide. Ikari leva la tete en entendant qu'elle n'avait pas de chez elle. Il bascula sa tete sur le coté et la regarda d'un air un peu incquiet, voir soucieux. Il enleva sa sucette de sa bouche et reprit la parole.

Tu n'as pas d'endroit ou dormir?

Ikari la regarda. Ses mains étaient limite violettes (sous entendu, les mains de la jeune délinquante ) .

Il y a des gants dans les poches, sur les cotés....

Ikari la regarda, toujours la tete en arriere. Des cernes était placé sous les yeux de la jeune fille. Il lui aurait bien proposé de se reposer chez lui, mais elle l'aurait surement pris pour un pédophile qui voulait la kidnappé et la violer... Il se contenta de lui sourir avant de reprendre.

Je peux te loger et te donner a manger, si vraiment tu n'as pas de logement et pas de famille qui peut t'acceuillir. Mais ne te fait pas des idées sur mon compte. Je suis un homme respectable et je n'agresse ou kidnappe personne!

Ikari remit sa sucette dans sa bouche et la regarda. Malgres ses faux air de méchanceté, elle n'était pas si horrible. Ikari lui mit une petite tape sur le dessus de la tete.

Ce sera toujours mieux que de rester ici a te geler et finir aussi gelé qu'un bonhomme de neige!

- Tu n'as pas d'endroit ou dormir?

Ouais, en résumé, quoi. Même si un chez soi et un endroit où dormir, ce n'est pas forcément la même chose. Pas de bol, Nutsima n'avait ni l'un ni l'autre. Trop imprudent et presque impossible. Comment le trouver, de toutes façons ? Avec l'aide de qui ? Ne faire confiance à personne. Jamais. Et apprendre aux petits nouveaux encore naïfs et fragiles à ne faire confiance à personne. Ca, elle n'en avait pas encore eu l'occasion, mais si cela lui arrivait, elle ferait tout pour ne pas le laisser s'accrocher à elle. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que si on s'accroche à quelqu'un dans ce milieu-là, même si ce quelqu'un se révèle totalement dénué de malveillance, on ne s'endurcit pas. La solitude et la méfiance doivent régner en maître sur son tempérament. Point.

Et là, le flic ouvrit la bouche et quelque chose de dur fit un bon dans la poitrine de la jeune fille. Il lui proposait de la loger ? Vraiment ? Elle lui jeta un vif coup d'oeil, ne pouvant dissimuler sa surprise. On lui en avait sorti des excellentes, mais celle-là, elle n'y avait jamais eu droit. Haha, la bonne blague.. Pourquoi un flic accepterait une sale gosse à la dérive sous son toit ? Parce que pour une sale gosse, elle en était une ! Enfin, d'après l'avis général.. Car elle ne savait pas elle-même s'il s'agissait de sa vraie nature. Pauvre petite. Elle se cherchait encore si désespérement. Quand on lit ça, on a envie de lui tendre la main, d'apaiser ses doutes, de l'aider à se relever, de lui rendre le sourire.. Une pauvre petite fille perdue dans un monde cruel et sans pitié. Pourtant, quand on la voit en face, on a plutôt envie d'aller voir ailleurs. Ou bien de lui foutre des baffes. Pas question de laisser percevoir la moindre de ses faiblesses.. Tout d'abord, elle haussa les épaules puis déclina l'offre.

- Non merci. Pas la peine.

Elle avait rangé précipitament ses yeux de chaton étonné pour retrouver son air morose, fermé, impassible et inexpressif. Celui qui lui était si indispensable pour survivre dans cette société de merde.. Ce monde de brute.. Une grande envie de se défouler sur la pierre fourmillait dans ses jambes mais elle se contenait, immobile et désespérément éteinte. Le vent s'était un peu apaisé. Mais pas le froid.

Ikari regarda devant lui. Il venait de inir sa sucette apparament. Ou du moin, il l'avait croqué. Un petit bruit se fit entendre, une sorte de "crik", lorsque le bout jaunatre se cassa sous ses dents. Ce petit bout sucré finissa dans le ventre de son "assassin", ou du moin, de son "mangeur".
Ikari ne voulait pas brusqué la jeune fille, mais la laisséla, dans un cimetierre, alors qu'il faisait froid et que la nuit tombait, c'état au dessus de ses forces. Non pas qu'il était faible ou trop gentil.
Mais par principe. Toute personne a le droit de manger au chaud et a le droit de dormir au chaud aussi. Ikari retourna la tête vers elle. Elle semblait se contenir de ne pas briser a coup de pied cette pierre tombale.

*Pauvre gosse....*

Ikari la regarda. Il se leva et regarda le ciel se couvrir. Des nuages commencaient a se formé pres de la lune. Il allait se faire tard! La jeune fille ne devrais pas restait ici, seule et dans le foid glacial...
Ikari lui tourna le dos. Puis il commenca a avancer. Mais au dernier moment, il fit demi tour. Il attrapa le poignet de la jeune fille, pas trop brusquement, mais doucement pour ne pas lui faire peur. Il lui souria.

Allé, viens! Ne pense pas que je vais te laisser ici...

Ikari la regarda, toujours en lui adressant un sourir. Il ne serra pas trop son poignet et espéré qu'elle ne resterais pas ici.

Un petit craquement étouffé. Nutsima sursauta et tourna un oeil discret en direction du flic. Celui-ci tenait entre ses doigts un bâton de sucette à présent dénudé. Voilà, elle avait son explication. Frustrée d'avoir laissé l'émotivité l'emporter, elle tourna la tête carrément de l'autre côté. Le vent soufflait en sa faveur, car ses cheveux cachaient entièrement son visage. Des bruit de pas derrière elle s'éloignaient. Bon. Apparemment, il s'en allait, ou du moins feignait de s'en aller. Avait-elle gagné ? Telle fut la question et elle attendit encore avant d'être sûre de pouvoir jeter un regard de l'autre côté. Elle devait sembler s'en foutre complètement de sa gueule. Au moins sembler. Et que ça soit le cas ou pas, ça ne changerait absolument rien à rien alors, tant qu'à faire, pour éviter les embrouilles intérieures, elle ne se posa pas la question. Et puis, soudain, elle sentit une main lui attraper le poignet.

- Allé, viens! Ne pense pas que je vais te laisser ici...

Nutsima ne répondit pas tout de suite. Eh, mais c'est qu'il insistait ! Ce n'était pas bon, ça, pas bon du tout.. L'adolescente se tourna vers lui. Il souriait. D'un sourire limpide qui ne laissait rien paraitre. Pourquoi, pourquoi fuir était parfois si dur.. Alors qu'il suffisait juste de lever son cul et de prendre les jambes à son cou.. Elle soupira. Sa muraille s'effritait. Encore moins bon. Il fallait qu'elle se ressaisisse, bon sang ! Elle n'avait besoin de personne et ne devait avoir besoin de personne ! Que dalle ! Rien ! Reste seul et tu survivras. Solitude ! Point final ! Etait-ce si dur à comprendre ?

Non. Pas du tout. Pourtant, il ne suffisait visiblement pas de comprendre. La preuve ? Eh bien la preuve, c'était le temps que mit Nutsima avant de se dégager et de détourner du regard, une amère vague de mélancolie dans le coeur.

- J'ai besoin de rien.

C'était facile de mentir. Si facile de manipuler les sons dans les cordes vocales. Pourtant si difficile d'accepter leur sens. Pourtant, c'était un flic, quoi. Elle devait se rentrer ça dans le crâne une bonne fois pour toute. Il n'en avait pas l'air, mais c'était un flic. Point final. Et cet argument suffisait pour évaporer un peu du regret qui se nichait au creux de l'estomac de la jeune fille.

- Hé bien, tu n'est pas tres sociable ma ptite! Enfin ,je vais devoir employé les grands moyens avec toi!

Les grands moyens. Aïe. Elle en frémissait d'avance. Qu'allait-il faire ? Appeler toute sa brigade, lui mettre des menottes, lui coller le bout d'un flingue entre les omoplates ?

- Bin nan j'suis pas sociable et j't'em..

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le jeune homme la souleva sans effort pour la porter sur son épaule. D'abord surprise, Nutsima resta muette. Elle n'aurait pas dû. Elle aurait dû faire un mouvement de recul, se débattre tant qu'il en était encore tant, quitte à se fracasser la tête sur le sol et aller répandre son sang à quelques kilomètres de là. Elle n'avait rien fait et elle s'en voulut gravement. Elle s'était fait prendre ! Elle s'était réellement fait prendre ! Elle qui pensait partir en courant, elle ne l'avait pas fait, pourtant c'est ce qu'elle aurait dû faire ! Ce pauvre type l'avait eue. Il l'avait eue. Comme on fait un croche-patte à une pauvre idiote qui garde le nez en l'air. Elle commença par se frapper le front en se traitant de tous les noms, rageant silencieusement. Ce fut lorsqu'ils atteignaient la grille du cimetière qu'elle laissa éclater sa frustration.

- Bordel, mais j'ai rien demandé moi ! Pose moi, j'en ai rien à foutre, j'veux juste qu'on me foute la paix, qu'on me laisse tranquille, c'est pas compliqué ! J'ai pas que ça à faire ! Pose moi, crétin ! Je veux rien de personne, je veux finir ce que j'ai à faire et crever en paix, c'est tout ! Merde, j'en ai marre !

Elle accompagna ces charmantes paroles d'un violent coup de genoux dans la poitrine du flic, espérant pouvoir se libérer. Une larme de rage roula jusqu'au coin de sa bouche et elle put en sentir le goût salé et amer. Comme une conne ! Elle s'était fait avoir comme une conne ! Elle n'y croyait pas, vraiment pas..

Il l'avait enfin reposée.. Mais pas lâchée.. La jeune fille s'était débattue un instant puis avait abandonné. Elle planta un regard noir dans celui du flic et écouta sa tirade jusqu'au bout, sans broncher. Enfin presque. Elle essuya la traînée humide que la goutte salée avait laissé sur sa joue et défia le jeune homme de deux yeux brillants.

- Ouais j'pense qu'à moi. Et alors ? Qu'est-ce que ça peut te faire ? Pourquoi tu tiens à m'aider si j'suis aussi stupide que t'as l'air de le comprendre ?

Merde à la fin. Tous pareils. Hypocrites. Imbéciles. Et naturellement, elle faisait partie du lot. On n'échappe pas à la règle de l'être humain. Bien sûr que non, elle ne pensait pas qu'à elle. Au contraire. Et malgré elle, ça se voyait. C'était pour sa soeur qu'elle faisait tout ça. Qu'elle acceptait de subir. Pour Madoka. Car si ça ne tenait qu'à elle, et bien elle serait depuis longtemps retourné au cirque avec sa famille, son lit bien douillet, l'ambiance de fête et de réconfort qui lui manquaient tellement.

- J'ai pas faim, j'ai pas sommeil, je veux plus rien d'accord ?

Détestable. Elle se rendait elle-même détestable. Une sale gosse, bordel. Il fallait qu'on la déteste, qu'on la rejette. Pourquoi ? Pourquoi tant de hargne, de besoin d'autodestruction ? Elle s'en voulait à mourir d'avoir abandonné sa soeur, ne de pas s'être retournée à temps pour constater que cette dernière ne la suivait plus. Peut-être avait-elle regagné la caravane, mais elle la connaissait trop bien pour savoir que jamais Madoka n'aurait fait demi-tour sans elle.. Et toute cette souffrance qui s'accumulait, là, dans le creux de ses entrailles.. Elle le sentait, Madoka allait mal. Très mal. Elle devait la retrouver, et au plus vite. Avant que la chose la plus abominable qui soit, si abominable qu'elle n'osait pas l'envisager, finisse de transpercer la plaie qui l'avait fait tomber déjà si bas.. Dans son estime comme dans son espoir et sa dignité..

Enervé. Oui, il était visiblement énervé. Nutsima ne le lâcha pas du regard.

Pourquoi tu es aussi renfermé, borné ou meme tétue comme sa?

Pourquoi ? Il voulait vraiment savoir pourquoi ? Nutsima s'était gardée de répondre. Cela en reviendrait à raconter toute son histoire, toute sa vie, et ça il n'en était pas question. Le flic finit tout de même pas céder. Il tourna les talons en lui laissant quand même sa veste, que la jeune fille roula en boule sous son bras, les yeux toujours braqués sur lui, impassibles.

- Passe quand tu veux, mais n'attend pas d'etre morte de froid!

Il souriait. Encore. La jeune fille eut un pincement au coeur. Il souriait. Elle l'envoyait bouler comme une vieille chaussette, ils s'énervait, lui criait dessus, et en partant, et bien.. Il continuait à sourire. Nutsima ne put pas soutenir son regard. Tant pis, elle ne le verrait pas s'enfoncer dans les ténèbres de la nuit tombante. Et puis, à quoi cela lui aurait-il servi ? Une boule remonta et se noua dans sa gorge. L'imbécile, il l'abandonnait. Il n'avait pas perçu l'appel à l'aide qui se cachait tellement bien dernière les paroles insolentes d'une adolescente bornée. Il n'avait rien vu, rien entendu. Aveugle, comme tous les autres. Elle lui en voulait, c'était vrai. Mais elle savait, au fond, que c'était elle la fautive. Elle fut prise d'une envie de courir, le rattraper, s'excuser, démentir ses convictions de je-n'ai-besoin-de-rien-ni-personne. Elle se retint. La fatigue lui faisait tourner la tête. Serrant la veste contre elle, la jeune fille s'effondra au sol.

Et ce qui devait arriver arriva. Elle éclata en sanglots. Malgré elle, malgré tous ses efforts pour rester forte. Bordel, mais qu'elle se reprenne ! Qu'elle montre au monde que rien ne pouvait briser son bouclier ! Elle était forte, forte ! Sûre d'elle et de ses actes ! Rien ne la touchait, rien ne pouvait ne serait-ce qu'ébranler juste un peu une infime parcelle de ses cellules à fleur de peau.. Pourtant, la façade était fragile. Trop fragile. Nutsima se compressait la tête entre les bras, maudissant son émotivité. Elle en crèverait, un jour, elle en était sûre.. Idiote..

Ikari s'éloigné a pas lent. Il n'aimait pas trop l'idée de devoir laissé la jeune fille ici. Il se retourna plus loin et la fit s'éffondrer. Ikari fit rapidement demi tour. S'en était trop! Ill s'approcha d'elle et s'accroupit.

Escuse moi, mais la tu me vois obliger de t'emmener avec moi. Et si tu bronche, je t'attacherais les pieds et les mains et je te nourrirais avec un truc comme pour les oies!

Ikari la regarda, il hésita sur la maniere de la prendre dans ses bras, et ffinissa par la porter sur son dos. Si il l'avait porté aurement, elle lui aurait surement tiré les cheveux, mordu ou je ne sais quoi pour pouvoir s'enfuir.

*Bon, bah finalement, je rentre pas seul ><"*

Ikari avanca d'un pas assez rapide jusqua chez lui. Il n'emmenait pas trop les gens chez lui car sa pasraissait un peu bizarre.

>Maison de Ikari

[ Okey, donc maison de Ikari, j'arrive^^ ]